Pourquoi faut-il toujours attendre ? [PV Matteo Gardenia]

Comme à son habitude, Matteo était très matinal, et dès sept heures du matin on pouvait entendre qu’il y avait de la vie dans son appartement. Déjà affairé dans sa salle de bain, Matteo avait mis le volume de la radio bien fort pour qu’il puisse bien l’entendre sous la douche. Sept heures et quart, c’était les informations matinales avec à la une cet homme qui avait fait du grabuge dans un centre commercial en utilisant une weapon neko. Coupant l’eau et sortant de la douche avec un essuie sur sa tête et un autre pour s’essuyer, Matteo demeurait attentif à ce qui se disait à la radio. Ce genre d’action devenait de plus en plus fréquente ces derniers temps, et pour Matteo qui avait jusque là porté que peu d’attention aux hybrides, ne pouvait s’empêcher de trouver quelque chose de dangereux chez ces derniers.

S’étant habillé, Matteo avait éteint sa radio et avait quitté la salle bain pour gagner la cuisine. Cependant il eut à peine le temps de commencer à se préparer quelque chose à manger que son portable se mit à sonner alors qu’il n’était même pas encore huit heures. Décrochant, il fut surpris d’entendre la voix de son ami Mamoru.

« Mamoru ? Tu ne devrais pas être entrain de dormir à cette heure ? [...] Ah, je vois… »

Son ami venait de faire une nouvelle nuit blanche, il était vraiment irrécupérable celui-là, il y avait fort à parier qu’il était resté scotché à son ordinateur toute la nuit. Mais pour qu’il l’appelle à une heure si matinale, c’est qu’il devait avoir un scoop qu’il ne pouvait taire, et bien sûr pourquoi se priver de déranger son pote de si bon matin ? Mais rapidement Matteo se mit à l’écouter plus attentivement, ce qu’il avait à lui dire concerner les weapon’s hybrides qui faisaient de plus en plus parler d’eux de part leurs actions violentes. Mamoru lui expliqua alors que malgré l’aspect chaotique de leurs interventions, qu’ils ciblaient toujours de près ou de loin ce qui avait un lien avec la maltraitance des hybrides. Comme pour lui prouver ses dires, il prit en exemple l’incident d’hier avec cet homme dans le centre commercial. Ce n’était pas le complexe commercial lui-même qui avait été visé par cet individu, tout le grabuge qu’il avait fait dans les galeries de commerce avait eu pour unique but de masquer et permettre la libération de tous les hybrides de l’animalerie du centre. Et que si une telle perte n’avait pas été révélée au grand public, c’était parce que cette animalerie n’était pas nette et que le centre commercial avait tenu à préserver son image.

« Ils torturaient les hybrides, ils organisaient dans les sous-sol de l’animalerie de sombres séances de tortures pour soulager les pulsions sadiques de certains individus. Si les lois protègent les hommes de ce genre de pratique, il n’y en a aucune concernant les hybrides. Dès lors c’est une véritable aubaine pour ce genre d’individu. »

Matteo n’en revenait pas, il savait que la maltraitance des hybrides était devenue un sujet pratiquement incontournable dans la vie de tous les jours, mais que de tels extrêmes existent. Cela ne faisait que l’énerver, mais il ne pouvait malheureusement rien y faire. Mamoru se mit alors à bailler bruyamment au téléphone, il n’allait pas tarder à raccrocher mais avant il avait encore une information à faire passer à son ami.

« J’ai entendu dire que certaines animaleries se fournissaient en weapon’s nekos. La police tente de freiner la propagation de tels hybrides dans les rues, mais c’est un véritable phénomène de mode qui s’est mis en place. Si ma source se révèle être exacte, t’imagines un peu ce qui pourrait arriver si d’autres gars pas très fute-fute se procuraient de telles armes vivantes. »

On aurait sans aucun doute droit à des abus de pouvoir, et il est certain que ces individus n’hésiteraient pas à masquer leurs méfaits sous les actions en faveur du bien-être des hybrides. Quoi qu’il en soit son ami avait à présent raccroché, et Matteo pouvait enfin déjeuner. Mais n’empêche, il avait vraiment choisi son moment pour l’appeler, en effet c’était aujourd’hui que Matteo avait décidé de s’acheter son propre hybride.

Neuf heures et demie, Matteo avait quitté son appartement et avait pris sa voiture pour se rendre à l’animalerie la plus proche de chez lui. Tout en conduisant, il ne pouvait s’empêcher d’être pensif à propos de tout ce que son ami lui avait révélé, il lui avait dit qu’il ne s’agissait que de rumeurs, mais bon, s’il y avait vraiment moyen d’obtenir un weapon hybride, devait-il chercher à en avoir un ? Il n’y avait pas eu que le grabuge du centre commercial, un laboratoire universitaire, un love hôtel, et même un commissariat, tant de lieux différents qui avait la cible des actions de personne maniant des weapon’s hybrides. En posséder lui aussi un risquerait de lui amener pas mal de problème, mais d’un autre côté il ne supportait pas non plus la maltraitance dont étaient victimes les hybrides. Lui qui rêvait d’une vie plus animée, c’était peut-être là une solution inespérée. Mais beaucoup de questions demeuraient encore sans réponses, Matteo se demandait comment les weapon’s nekos pouvaient bien exister et ce qu’ils étaient réellement. En effet il était forcé de constater qu’il ignorait bon nombre de chose à leur sujet. De plus il se demandait, si derrière toutes ces actions, se cachait un quelconque groupe, ou si elles n’étaient qu’une succession d’actes individuels. Quoi qu’il en soit, il trouvait que cela commençait à le travailler un peu trop.

Finalement Matteo était arrivé à l’animalerie, et ce que son ami lui avait dit, il était prêt à le vérifier par lui-même. Si bien que lorsque le vendeur vient l’accueillir, Matteo n’y alla pas par quatre chemins, il lui dit clairement qu’il cherchait un weapon neko. Le vendeur lui répondit alors normalement et l’invita à le suivre afin de découvrir quelques uns de ses spécimens. Devant un tel comportement, Matteo se demandait si la vente de weapon’s nekos était réellement interdite, ou si ce vendeur n’essayait pas de le duper et de lui fournir une neko normale pour le prix d’une weapon. N’étant pas un fin connaisseur dans la matière, Matteo ne pouvait que feindre la connaissance. Un autre client pénétra alors dans le magasin et le vendeur s’excusa un instant pour partir l’accueillir, Matteo se retrouvait donc désormais seul devant plusieurs grandes cages qui contenait principalement des nekos normaux. Mais non loin de là, à quelques mètres se trouvait la cage d’une authentique weapon neko et le regard pesant qu’elle lui lançait finit par déranger notre ami qui finit par se tourner dans sa direction.

Ce fut alors une surprise pour notre camarade, la soi-disante neko enfermée dans cette cage ne ressemblait pas tant que cela à ce qu’elle était supposée être. Elle n’avait pas d’oreilles de chat et encore moins de queue, et peu importe comment Matteo la regardait, elle lui semblait être une fille tout à fait normale. C’était quoi ? Une mauvaise blague ? Quoi qu’il en soit, il était intrigué et il délaissa les autres nekos qui n’avaient même pas pris la peine de lui adresser la parole alors qu’il les regardait. Est-ce que celle-ci allait se montrer plus bavarde ? Mais était-elle vraiment une neko ?

« Yo ! Tu m’as l’air un peu plus réveillée que les autres, tu vas peut-être pouvoir m’aider. »

Matteo était habillé simplement d’un jeans bleu, d’une paire de basket et d’un sweater dont la capuche était abaissée sur sa tête, et faisait qu’il était difficile pour une personne ne se tenant pas à sa hauteur de voir son visage. Mais voulant parler d’égal à égal avec cette jeune demoiselle, Matteo s’accroupit devant sa cage et fit retomber sa capuche en arrière.

« Dis-moi, est-ce qu’il y a vraiment des weapon’s nekos qui se vendent dans cette animalerie ? »

En lui posant cette question, c’était comme s’il lui avouait ne rien savoir à propos de ces derniers, et d’elle. En effet notre ami se serait sans doute de poser une pareille question s’il avait su qu’il s’adressait à un exemplaire unique de ce qu’il était venu chercher dans cet endroit. Mais dans tous les cas, il valait mieux se taper la honte devant une neko que devant le vendeur, qui s’il n’était pas honnête, pouvait profiter de l’ignorance de notre ami.

Matteo avait eu raison de se méfier de ce vendeur, mais bon il était difficile de ne pas paraître ce que l’on est vraiment. Notre jeune ami ignorait beaucoup de chose concernant les hybrides, les nekos et les weapon’s nekos. Dès lors les paroles de cette jeune fille furent une grande révélation pour lui, il en avait appris plus qu’il ne voulait en savoir mais des zones d’ombre continuaient cependant de persister. Qu’est-ce qu’elle voulait dire en parlant de « master », elle insinuait qu’il en était un ? Qu’allait-il se passer s’il l’écoutait et qu’il apposait sa main contre la sienne ? Qu’elle était cette histoire de compatibilité aussi ? Raah, c’en était vraiment de trop pour notre jeune homme qui ne pouvait guère cacher l’état perplexe dans lequel il se trouvait.

Quoi qu’il en soit cette fille ne semblait pas lui mentir, et Matteo arrivait à lui faire plus facilement confiance qu’à ce vieil homme qui semblait toujours occupé avec un autre client. Personne ne semblait leur prêter attention non plus, c’était donc le moment opportun de vérifier les dires de cette demoiselle captive. Matteo passa alors sa main droite à travers les barreaux de la cage.

« Je n’ai pas trop saisi tout ce que tu m’as dis, mais… »

Il était désireux de voir ce qu’il allait se passer, il était curieux de voir par lui-même cette fameuse compatibilité qu’elle avait évoqué. Il voulait en savoir plus sur les masters et les weapon’s nekos, car il se doutait que les médias se gardaient bien de faire toute la lumière sur leurs agissements. Dès lors Matteo n’attendait qu’une seule chose de cette fille, qu’elle appuie la paume de sa main contre la sienne.

« … j’ai envie de vérifier par moi-même cette histoire de compatibilité. Il ne va rien se passer de dangereux au moins ? »

Via les médias, Matteo avait déjà vu plusieurs masters et leur weapon neko à l’œuvre et donc il craignait un peu d’engendrer une catastrophe.

A en juger par sa réaction, il n’y avait rien à craindre. Mais bon la méfiance de Matteo était justifiée, avec toutes les rumeurs qui circulaient sur les weapon’s nekos, il était normal de ne pas être très rassuré par la chose. La jeune fille vint alors apposer la paume de sa main contre la sienne, un acte qui pouvait sembler anodin, cependant dès l’instant où leurs mains entrèrent en contact, Matteo sentit quelque chose le traverser. Ce n’était pas quelque chose de facile à décrire, Matteo avait l’impression d’avoir reçu une brise de plein fouet, une sensation nouvelle comme si son corps venait d’être traversé par quelque chose d’invisible, c’était tout simplement indescriptible. Après un moment d’hésitation, Matteo finit par détacher sa main de celle de la jeune neko, il avait du mal à mettre des mots sur ce qui venait de se passer. Cependant si tout ce que lui avait dit précédemment cette fille était vrai, cela était à présent la preuve évidente qu’il était un master, et visiblement celui avec lequel elle était compatible.

Il n’y avait dès lors plus une minute à perdre, contre toute attente, il avait trouvé assez rapidement ce qu’il était venu chercher. Dès lors une foule de question émergeait dans son esprit, mais pour l’heure il se devait de les garder pour plus tard. Il lui fallait conclure son achat rapidement, Matteo sentait qu’il avait trouvé quelque chose de précieux et ne voulait en aucun cas le perdre à présent. Cette fille était à la fois une neko et une arme, la posséder risquait de lui amener pas mal de soucis s’il en jugeait les médias. Cette fille, était-elle liée à toutes ces attaques ? Faisait-elle partie également de ce mouvement contre la maltraitance des hybrides ?

« Vous avez fait votre choix ? »

Matteo sursauta légèrement, il n’avait pas entendu le vendeur revenir, et entendre sa voix enrouée derrière lui l’avait surpris. Il se redressa alors pour faire face à cet homme, une fois debout ce dernier en imposait déjà moins face à Matteo. Il faut dire que les japonais étaient de petites tailles en moyenne, face à un européen comme Matteo, il ne faisait décidément pas le poids. Dès lors il était inutile de tenter toute manœuvre d’intimidation avec lui, de plus Matteo n’avait pas apprécié qu’il ait tenté de le rouler précédemment.

« Oui, je vais prendre cette demoiselle derrière moi. »
« Très bien, suivez-moi alors. »

Matteo suivit alors le gérant jusqu’au comptoir où notre ami dut ensuite remplir quelques documents et effectuer le paiement pour son adoption. Une fois tout cela fait, Matteo avait en sa possession les documents qui attestaient qu’il était désormais le seul propriétaire de cette neko. Les pliant, il les rangea soigneusement dans son sac banane avant de suivre à nouveau le vendeur qui s’était muni de la clef du cadenas de la cage de Matasky. Oui grâce aux documents qu’il avait signés il connaissait à présent le nom de cette fille, il aurait été mieux de le lui demander personnellement mais le vendeur les avait précédemment interrompu. Dès lors il reprendrait là où ils s’étaient arrêtés qu’une fois dehors, le vieil homme venait d’un cliquetis d’ouvrir la cage de la jeune fille. Sitôt fait, il laissait nos deux camarades pour aller s’entretenir avec d’autres clients. Matteo se recula alors pour laisser assez d’espace pour que Matasky puisse sortir de sa prison.

« Peu importe comment je te regarde, tu m’as l’air plus humaine qu’hybride. »

Matteo n’avait pas pu retenir cette remarque qui respirait néanmoins de vérité. En la voyant ainsi, qui pouvait se douter qu’elle soit une weapon neko. Si c’était pareil pour toutes les weapon’s nekos, Matteo se disait qu’il y avait de grande chance qu’il ait vécu jusqu’à présent entouré de weapon’s nekos potentiellement dangereuses à proximité. Oui, Matteo ne connaissait encore que trop peu de chose à leur sujet, et pour le moment sa définition de telle créature était celle d’arme biologique dangereuse. On pouvait remercier les médias pour lui avoir donner une pareille définition de cette espèce humanoïde, c’est qu’ils avaient le chic pour déformer la réalité. Ah le jour où les médias seront enfin dissociés de la politique, peut-être qu’il y aura un peu plus de vérités prêtes à éclater au grand jour.